jeudi 27 novembre 2008

2025 : prévenir les risques pour la santé publique

Prévoir les risques de santé se révèle une tâche impossible. Le nombre de facteurs et d'interactions en jeu étant indénombrable et incalculable, les rêves de pronostic de santé dès la naissance de l'individu restent un désir aux limites de l'eugénisme qui n'a aucune chance de se réaliser.

Comment être si affirmatif sur l'impossibilité de prévoir les risques de santé ? L'histoire des sciences, et plus particulièrement celles de la biologie et de la génétique, nous montrent des projets aussi complexes qu'aboutis de cartographie du vivant et du génome humain. Pourtant il n'est toujours pas possible de prévoir les risques de santé du fait de l'interaction constante de l'individu avec non seulement les autres individus mais aussi du fait de son existence dans un milieu d'une complexité encore à épuiser. D'autre part, des études se multiplient afin de montrer que l'interaction des agents chimiques de fabrication humaine ont des incidences innombrables sur le développement et l'existence des êtres vivants, même dans des fractions que l'on croyait jusque ici trop faibles pour avoir un impact avéré.
Il apparaît donc que ce n'est pas tant l'allongement de la durée de la vie des individus qui pose problème pour le financement et la gestion des systèmes de santé publique mais bien la prévention des risques provenant de nos propres actions et influences sur le milieu, les populations et l'individu. Vieillir ne sera pas un problème si nous travaillons à l'éradication des affections comportant des risques majeurs pour la santé. Mais nous ne pouvons occulter la nécessité de l'élaboration d'une véritable politique de prévention et de contrôle des substances et des produits introduits aussi bien dans l'univers médical, que dans l'environnement, le monde animal ou végétal.
Sans invoquer des menaces encore indéterminées provenant des innombrables produits chimiques dont nous inondons nos champs, nos rivières, nos villes et notre atmosphère, il suffit de mesurer les dégâts qu'ont pu avoir des fléaux comme l'amiante, la peinture au plomb ou la contamination du sang sur notre environnement et sur les populations exposées. Ces risques ont été entièrement fabriqués par notre société, nos actions et les méfaits tant humains qu'économiques sur la santé publique se poursuivront au moins sur les trois ou quatre prochaines générations.
Alors plutôt que de se concentrer sur les pathologies hypothétiques et statistiques, il nous faudra nous préoccuper des risques potentiels que font peser des intérêts privés sur la santé publique et démontrer autant de solidarité et de rigueur que nous en démontrons pour la mutualisation du coût des soins. Car il est impossible de parler d'une nouvelle façon de vieillir, ou d'un nouvel âge de la retraite, si ceux et celles qui entrent dans ces périodes doivent faire face à de nouvelles menaces provenant aussi bien de leur alimentation que de leur habitat, ou tout simplement des produits d'usage courant que nous trouvons dans leurs salles de bain, WC, cuisines, salons, garages, jardins, etc.
Effectivement, il ne faut pas tomber dans la « fascination technologique » d'une logique mécanique et statisticienne dans l'examen et la considération médicale de l'individu. Dans ce domaine, l'anonymat et la mutualisation restent le meilleur bouclier en matière de solidarité et de soins. Mais un « voile d'ignorance » ne peut être maintenu sur les médicaments ou les équipements hospitaliers, pas plus que l'on ne peut ignorer l'impact déterminant qu'ont désormais l'industrie, la chimie et la technologie sur notre vie et celle de notre planète.
La prévention est la meilleure des stratégies de santé publique. Elle est aussi la stratégie clé de la salubrité, corollaire assez négligé d'un système de santé publique qui se doit de devenir efficace et peu coûteux. A l'instar des dispositifs médicaux, des outils de surveillance et de dépistage beaucoup plus performants devront être développés pour garantir les conditions d'innocuité véritable des produits auxquels nous exposons quotidiennement le citoyen. C'est la première étape pour protéger la population en 2025 et la condition incontournable pour anticiper la santé de demain et participer à une juste évaluation des politiques publiques en la matière.

mercredi 19 novembre 2008

Vivre en 2025 : générations 2K

Nés pendant la première décennie du 21e siècle, la jeunesse de 2025 se nomme elle-même la génération 2K. Discrets, invisibles dans l'espace urbain, dociles et complètement intégrés dans la société et dans l'économie, leurs vies privées sont 100% numériques.

Ce que l'on croyait n'être qu'une frange de la population des moins de 25 ans au début du 21e siècle s'est transformé rapidement en tendance forte puis en authentique phénomène de société, touchant près de la moitié de la génération 15-25 ans. Ceux de la génération 2K, comme ils aiment à se faire appeler, ne vivent pas dans notre monde. Lorsque vous les croisez, ils sont discrets, réservés, sans traits saillants. Socialement, ils ne posent aucun problème, consomment peu, épargnent beaucoup, ne sortent pas. Leurs vies ne se déroulent pas dans notre quotidien réglé et ennuyeux.
Les 2K vivent dans les univers numériques en ligne. Issus des grands classiques (Sim's, World of Warcraft, Everquest, Second life, etc.), les univers persistants allient à la fois les mécanismes des jeux vidéo multi-joueurs et des mondes tridimensionnels du Web 3.0. Les utilisateurs peuvent y créer autant d'identité qu'ils le souhaitent, s'impliquer dans des communautés, s'investir dans des scénarios thématiques de tous les genres littéraires et cinématographiques possibles. De l'autre côté les animateurs et les producteurs construisent des univers audiovisuels, des services d'habillage, des studios de conception et de design et toute une panoplie de commerces divers allant des objets de collection aux services bancaires dématérialisés.
Pour les tranches d'âge encore scolarisée, l'éducation nationale a toutes les difficultés du monde à les détecter et à essayer (souvent sans succès) de les faire revenir dans le monde réel. Capables d'obtenir des résultats satisfaisants, les 2K ne se révèlent bien souvent qu'au bout de leurs cursus qu'ils abrègent volontiers contre un emploi stable, même faiblement rémunéré.
Vivant dans une économie virtuelle et dans des univers parallèles, les 2K n'ont que très peu de relations sociales dans le monde physique quotidien qu'ils ne considèrent ni comme réel, ni comme digne d'intérêt. La très grande majorité d'entre eux et elles s'acquittent de ce qu'ils appellent le « bad dream », c'est-à-dire les tâches quotidiennes. Leur consommation matérielle est extrêmement faible et ils figurent parmi les plus gros épargnants sur les tranches de salaires les plus basses de la population active.
Avec une nette préférence pour la colocation, ils partagent des appartements relativement réduits (env. 10 mètre carrés par personne) et mutualisent les équipements de connexion au réseau mondial, ayant ainsi accès à des services généralement réservés aux entreprises. Leur espace de vie est standardisé et construit autour d'une dalle Full 3D en 2K (soit une image HD en 2048 pixel cube) mais pas trop volumineuse (en moyenne 30 pouces), un système audio spatialisé, une excellent isolation phonique (afin de ne pas gêner, ni être gêné) et la dernière génération de VR-Node (litt. Borne de réalité virtuelle) connectée disposant généralement d'un éventail d'accessoires assez conséquent tirant partie des dernières prouesses technologiques en Réalité Virtuelle.
Les générations 2K sont un segment énorme du marché de l'informatique et du jeu vidéo, mais son mode transactionnel est presque exclusivement virtuel. Et ce sont donc des 2K qui peuplent les plate-formes de vente en ligne des principaux acteurs du marché. Ce sont aussi des 2K qui dirigent les départements marketing des géants du divertissement numérique.
Difficiles d'accès pour les prospecteurs conventionnels, les 2K vivent dans leurs mondes, avec les leurs et selon leurs codes. Mais plus qu'un seul univers parallèle, les 2K peuplent des centaines de mondes virtuels et des centaine de milliers de communautés dans lesquelles la langue n'est plus une barrière grâce aux systèmes de traduction performants qui équipent les eComs ou les plate-formes voix des grands plateaux de télémaintenance et de commerce en ligne.
Disposant d'un poids déterminant sur l'économie via une épargne colossale au niveau mondial, les 2K sont devenus en quinze ans un autre monde au sein de notre réalité. Sans revendications, ni volontés politiques, ces jeunes gens ne posent pas de problème majeur. Et tant qu'ils et elles n'auront pas d'autre action sur la société que de remplir leurs fonctions dans leurs emplois, régler leurs factures et payer leurs impôts, leurs communautés ne seront pas considérées comme un risque pour la population vivant de ce côté-ci de la réalité.

mardi 18 novembre 2008

Vivre en 2025 : quand la PAC aura disparue

Dans un contexte de guerre économique mondiale, les accords de la Politique Agricole Commune étaient perçus comme des entraves à la concurrence libre et non-faussée chère aux neo-libéraux européens.

Alors que tous les agriculteurs la craignaient, la disparition de la PAC dès 2012, a provoqué un bouleversement inattendu pour la France. Dès la première année sans subventions, les fédérations paysanne, les coopératives et les groupes d'intérêt économiques de l'agriculture se sont mis à plancher sur les alternatives à une politique de soutien étatique qui finalement profitait davantage aux grands groupes agro-alimentaires et aux grandes chaînes de distribution.
Les nombreuses expérimentations effectuées tant dans le domaine de la distribution directe que dans celui des engrais et produits de protection naturels ont très rapidement trouver un terreau fertile auprès des exploitations de petite et moyenne dimensions, permettant de réduire radicalement les dépenses d'exploitation et de remonter les prix de vente des produits agricoles.
Grâce au développement et surtout à la démocratisation de l'économie numérique française, les PME agricoles ont vite constitué des communautés de consommateurs régionaux, des réseaux d'échanges et de distribution de proximité et construit un tissu professionnel d'un genre nouveau. L'effort pédagogique des fédérations paysannes a contribué considérablement à la transition d'une grande partie des PME agricoles à une culture biologique et durable sans réelle perte de résultat au niveau de l'exploitation et à des méthodes alternatives à l'usage conventionnel de pesticides et d'engrais chimiques.
Au niveau européen, les grands perdants de cette disparition de la PAC ont d'abord été la Grande Bretagne qui n' a plus bénéficié de sa ristourne arrachée de main de maître par Me Thatcher. Indirectement, les pays nouveaux entrants de tradition agricole n'ont pas pu bénéficier d'une révision ou d'une extension de cet accord.
Au niveau économique, cette mesure apparemment libérale a permis à une foule de PME agricole de passer sous les filets libéraux des groupes agro-alimentaires, pharmaceutiques, semenciers et surtout des fabricants de produits chimiques agricoles. Bien que le manque à gagner n'ai pas été détecté immédiatement, les cinq années qui ont suivit se sont montrer décisives et l'intense lobbying privé auprès de Bruxelles n'a pas porté ses fruits. Le principal ennemi des lobbyistes a été l'institut européen de l'AOC mis en place dès 2010, principal défenseur des terroirs, et très défendu par les élus souverainistes ou nationalistes des différents pays concernés par cette « revanche agricole ».
En 2025, l'agriculture française se porte bien, grâce à un tissu local désormais soutenu par les institutions régionales et par la participation active et citoyenne des consommateurs. De nombreuses coopératives ont éclaté, se libérant de dispositifs contractuels défavorables et de nombreuses sociétés de service se sont constituées autour de places de marché virtuelles mettant en relation les PME agricoles et les consommateurs. Les AMAP se sont multipliés, diversifiés et développés pour atteindre des niveaux qualitatifs et quantitatifs comparables aux Teikei japonais, leaders de cette forme d'agriculture citoyenne.
Désormais, la France fait partie des pays participants au programme pédagogique agricole des Nations unies. Ce programme a pour objectif de permettre aux pays les moins développés de bénéficier d'un véritable échange culturel et technique agricole permettant à chacun d'apprendre et de développer des programmes de recherches autour de l'agriculture en matière de production d'énergie, de gestion des sols, de gestion des ressources, d'organisation de la distribution, et de nombreux autres domaines techniques et culturels. Ce tirage vers le haut par un partage des connaissances réciproque a permis la sortie de nouvelles régions du monde de la faim et une entrée dans l'économie mondiale.
Ce retournement de situation n'a pas affecté bien longtemps les grandes chaînes de distribution qui ont rapidement trouvé des produits alimentaires concurrents dans les pays de l'Est et en Asie. Ces derniers permettent de combler les demandes et les besoins de la population immigrée en provenance essentiellement du sous-continent indien et de la Chine et qui ne peut trouver auprès des structures de proximité les denrées traditionnelles de son alimentation.
Sans aucun doute la disparition de la PAC, à un moment où les principaux intérêts privés du secteur agro-alimentaire ne s'étaient pas concertés pour verrouiller leur marché, a été l'une des mesures qui aura permis une réelle avancée de la politique de développement durable et de protection de l'environnement. Les retombées directes et indirectes de cette authentique libéralisation de l'agriculture sont nombreuses aussi bien dans le domaine de la santé, que du regain de l'exportation des produits de terroirs qui ont remplacer l'exportation des produits de base, ou encore du retour d'une forte proportion de jeunes au métiers de la terre et aux services qui l'entourent désormais. La France, souvent modèle en matière de réformes, s'est, une fois encore, illustrée comme un leader de l'innovation dans un domaine que l'on croit, à tort, fermé au progrès.

Vivre en 2025 : la salle de cinéma, point de convergence des spectacles

Entre les projecteurs numériques et les serveurs de média en réseau, la salle de cinéma est devenue le point de convergence de tous les spectacles audiovisuels, des spectacles vivants et des divertissements thématiques.

Alors que les débuts du numérique cinéma furent difficiles tant les acteurs du moment étaient empêtrés dans des processus traditionnels, la prise en main des régies publicitaires cinéma par de grands groupes média transnationaux (Viacom, CBS, JC Decaux) n'a laissé que peu de place aux protestations et aux atermoiements des professionnels de l'industrie cinématographique européenne. Les enjeux d'une communication ciblée sur un public toujours plus nombreux dans les multiplexes et les gros complexes cinématographiques équipés en moyens de diffusion numériques ont intéressé les géants de l'affichage public dès lors que le nombre de salles européennes a représenté un segment non négligeable des supports de communication.
Outre les performances techniques apportées par l'équipement de projection numérique en haute définition (2K et 4K), c'est surtout le réseau de serveurs de distribution (dans les salles et dans les centres de distribution) qui ont bouleversé la distribution cinéma. Mais ce bouleversement auquel ont résisté tous les syndicats des professions du cinéma pour finalement capituler devant la pression financière des fonds d'investissements spécialisés dans l'audiovisuel, a également sonné le glas de nombreuses autres formes de spectacles vivants et de scène.
Le théâtre, l'opéra, le music hall, autrefois réservés à une frange aisée du public ou aux gros comités d'entreprises a vu son chiffre d'affaire sévèrement amputé par les diffusions de captations de toutes sortes dans les nouvelles branches « culturelles » des puissantes chaînes d'exploitants. Incapables de se renouveler et de proposer des programmes moins coûteux et surtout un choix plus diversifié pour le grand public, une grande partie des théâtres ont été convertis en salles de cinéma numérique. Les salles de concert et d'opéra se sont pour la plupart équipées de système de diffusion leur permettant d'offrir des spectacles de captation d'archives ou de captations distantes. Seuls les spectacles de cabaret et les café-concerts ont réussi dans les quinze dernières années à conserver une économie flexible et solide face à l'invasion numérique des salles de spectacles.
La flexibilité des moyens techniques, la baisse radicale des coûts de production aidée par la concurrence internationale et par une réelle politique de subventions européennes, et la diversité des programmes ont permis de renouveler tant la production et la distribution de spectacles que de permettre le déploiement de régies publicitaires européennes et mondiales bénéficiant d'une segmentation de marché semblable à celle des autres médias audiovisuels (télévision numérique, internet, téléphonie mobile, consoles de jeux).
Aujourd'hui, la salle de cinéma est le point de convergence de tous les spectacles. Pour le prix modique d'un abonnement annuel à moins de 100 euros, les spectateurs bénéficient d'une offre multiple, tirant partie de tous les créneaux horaires, proposant aussi bien des films, que des comédies musicales, des concerts, des spectacles de danse, des scénographies d'avant garde ou tout simplement des retranssmissions mondiales d'événements sportifs, culturels ou politiques. La plupart des multiplexes et même les salles numériques indépendantes se doublent de services de restauration, de boutiques médias, et de services associés. Le cinéma est la soirée par excellence.
Longtemps attraction de foire, le cinéma est devenu en 2025 le loisir culturel de prédilection des français comme des européens. Le cinéma est passé d'un « art » traditionnel, lourd et onéreux réservé à des investisseurs spécialisés et à hauts risques à une véritable industrie numérique florissante bon marché et à fort rendement. A l'arrivée, le consommateur s'y retrouve.

lundi 17 novembre 2008

2025 : la culture, un simple produit de consommation

Où est la culture en 2025 ? Autrefois sphère intellectuelle et publique d'échanges d'idées et d'exposition des systèmes de pensée, la culture est maintenant un simple segment de marché de l'économie numérique.

En 2025, la culture aura-t-elle disparue ? En tant que segment de marché des biens immatériels de consommation, les produits culturels auront encore leur place tant dans l'économie numérique qui leur permettra une évolution majeure.
La formation continue tout au long de la carrière professionnelle et la dématérialisation de la scolarité permettront la diffusion d'une panoplie entière de nouveaux produits culturels destinés à l'éducation et aux mises à jour du savoir professionnel et technique.
L'extension des chaînes de diffusion de contenu, même embarrassées par l'intense parasitage des copies illégales, des reprises et détournements et des rediffusions massives, offrira un champ d'action vaste et étendu aux producteurs de contenus audiovisuels et sonores.
Enfin le développement de l'économie numérique nécessitera un surcroît prodigieux de produits culturels de divulgation, de manuels de fonctionnement, de documentaires communautaires, de didacticiels audiovisuels afin de familiariser la population avec les différentes fonctions de leurs appareils et permettre ainsi l'émergence des services associés.
Seule victime de cette révolution : l'édition littéraire. Faute de temps et de compétence, la lecture est déjà devenue le parent pauvre des premières générations du 21e siècle. Le livre est lentement en train d'être remplacé par l'audiobook et les sites collaboratifs du Web 2.0 entraînent une usure considérable sur la lisibilité des idées et surtout sur leurs origines. Les sites révisionnistes, les soi-disant sites encyclopédiques et les agrégateurs de contenus brouillent tellement l'information qu'il devient de plus en plus difficile de démêler le vrai du faux, ou plutôt l'exactitude historique et manifeste du mensonge fabriqué ou de l'interprétation dirigée.
La fin annoncée de la presse et du papier, la transition vers le support numérique et la possibilité nouvelle de mettre sur un même plan d'égalité technologique les différents médias (écrit, sonore, visuel) porteront le coup fatal à l'édition littéraire que la communication par téléphonie mobile annonce déjà aujourd'hui.
L'économie numérique a la qualité de dématérialiser les supports du savoir et donc de la culture. En revanche, cette révolution a pour prix le démantèlement de plusieurs secteurs entiers de l'industrie et donc la nécessité de recycler du personnel et du savoir-faire incompatible avec les nouveaux supports.
L'usage de la technologie numérique a pour sa part les qualités d'accessibilité universelle (ou presque), de vitesse, d'abondance et de coût quasi nul. Mais les contreparties pour la culture sont particulièrement alarmantes. La mutation de la définition de la propriété intellectuelle, la mise en coupe réglée des moyens de diffusion comme des moyens d'accès, la dépendance des infrastructures techniques et de l'informatique et surtout la suprématie des groupes médias et des intérêts privés sur le patrimoine culturel et sur les services ne sont que les premières étapes qu'il faut étudier pour conserver l'héritage démocratique introduit par le livre.
Dans le nouveau monde numérique de 2025, il est certain que la sphère intellectuelle et publique d'échanges d'idées et d'exposition des systèmes de pensée aura migré du livre vers l'espace audiovisuel public. Le temps de la pensée ne sera plus celui de la lenteur réfléchie du livre, mais celle de la réaction rapide du dialogue direct. Nous reviendrons vers la tradition orale originelle. Et plutôt que de s'échanger des idées, nous échangerons des points de vue.
La culture, telle que nous l'entendons et la lisons aujourd'hui, aura probablement disparue et nos enfants se demanderont comment nous faisions sans Google, Wikipedia, la téléphonie mobile et les réseaux planétaires... La preuve est déjà là : le site de France 2025 où vous lisez ce billet. Cherchez la culture dans les différentes catégories. Vous ne la trouverez pas...

vendredi 14 novembre 2008

2025 : Sous le soleil des médias, rien de nouveau...

On voudrait croire à un éclatement des médias qui conduirait à une démocratisation des chaînes, une diversification des contenus et à l'essor de la pluralité numérique. Mais sans mode de financement différent et sans concessions sur la vie privée, pas d'argent, donc une offre limitée et sans imagination.

Les médias se dirigeraient vers un éclatement pluraliste et diversifié si, et seulement si le financement majoritaire de ces mêmes médias étaient capable de se diversifier et de devenir pluralistes.
L'essentiel du financement des médias provient de la publicité. Et la seule piste suivie et développée par le marketing et la communication sur le Web est la collecte et l'utilisation des données personnelles à fins de ciblage des offres et de tracking des prospects. Or, nous savons que les internautes, actuels et futurs, sont extrêmement résistants et hostiles à l'utilisation de leurs données personnelles sur Internet. Ce qui renvoie la publicité à des méthodes conventionnelles et éculées d'affichage dont les retombées et la transformation sont limitées, d'une valeur discutable et difficiles à intégrer dans des stratégies de communication.
Oui, les internautes démontrent (comme aux Etats-unis) un basculement de la télévision conventionnelle vers le webcast, la télé sur internet, mais ils ne changent pas vraiment leurs modes de consommation de programmes. Ils recherchent des niches exposées par de grands groupes médias (Manga, Séries, Clips, Reality Show, etc.) sur des médias conventionnels et s'y cantonnent. Pour l'instant et pour les quinze prochaines années, la télé sur Internet ne fera que compléter l'offre généraliste. De plus, le financement, même modeste d'une WebTV, sera soumis à la participation financière d'un ou plusieurs acteurs majeurs (chaînes, sociétés de production, éditeurs, groupes de communication, agence de presse ou de communication). Cela ne fera qu'accentuer la dépendance du Web vis-à-vis des grands groupes média en place.
Enfin, le manque d'investissement institutionnel et la complexité des aides et subventions accordées à la constitution de WebTV culturelles indépendantes fini de laminer les initiatives alternatives qui doivent se replier sur les méthodes de financements classiques dont les habitudes conservatrices les font pencher vers les projets sans risques et peu innovants.
Sans publicité et sans financement, des segments entiers de contenus potentiels sont condamnés à ne pas émerger faute d'agréger suffisamment de masse critique pour intéresser les investisseurs. Ce ne seront pas les demandes qui manqueront en 2025, mais bien et bel les offres.

mardi 4 novembre 2008

Révolutions : la prise de risque des banques en 2025

Les récents effondrements financiers manifestent une prise de risque démesurée pour laquelle les banques plaident silencieusement la non-responsabilité. En 2025, la prise de risque devra être supérieure à la norme actuelle et la responsabilité partagée.

La prise de risque semble exclue du vocabulaire social. Alexandre Saubot insiste sur France 2025 sur la nécessité de remettre en selle la notion de risque qui accompagne et soutient les efforts des entreprises et de tout mouvement évolutif des individus comme des sociétés. Cependant, il est remarquable de voir combien cette culture du risque zéro nous a été imposée essentiellement par le secteur financier et particulièrement par les banques et les grandes compagnies d'assurance.
Cela n'a pas empêché les récentes catastrophes boursières et des prises de risques inconsidérées et aveugles sur les marchés financiers. Le résultat est une rétractation radicale du crédit et donc de l'investissement. Les effets pervers de cette crispation sont particulièrement durs pour le tissu innovateur que représentent traditionnellement les PMI-PME. Pourtant, ce ne sont pas les entrepreneurs et les créateurs d'entreprises qui sont à la cause de cet effondrement du système financier et de la défaillance de ses dispositifs de surveillance.
L'intervention des états dans le sauvetage de grandes institutions financières, de banques et de compagnies financières partout dans le monde cautionne la non-responsabilité de ces mêmes organismes dans leur gestion indigente du risque et leur goût immodéré pour les profits rapides et considérables dans des produits financiers immatériels et déconnectés de la réalité industrielle et technique. Et bien que cette intervention publique soit une nécessité absolue pour endiguer les mouvements de panique et la possibilité d'une implosion de l'économie réelle, les récentes « affaires » démontrent une certaine forme d'inconscience et de mépris vis-à-vis de l'économie du réel.
Nombreux sont ceux qui depuis se sont mis au travail pour tirer des conclusions, proposer des réformes et mettre sur pied des systèmes alternatifs à l'actuel monde de la finance. Mais il ne suffira pas de voter des lois ou de poser des contraintes, des limites ou des gardes-fous pour permettre la remise en cause de la culture actuelle du risque.
Comme le dit Alexandre Saubot dans sa courte contribution, le risque fait partie intégrante de la démarche d'évolution des êtres, des sociétés et des techniques. Mais ce risque ne peut plus être considéré comme un mal nécessaire, ni non plus assumé comme le fait d'un seul responsable. Pour permettre un renouvellement de la politique du risque en France, la pédagogie invoquée en la matière doit s'appliquer en premier lieu sur les agents de mutualisation du risque : les banques et compagnies d'assurance.
Le déficit d'imagination et l'incapacité de partenariat des banques et des organismes d'assurance en matière de prise de risque est stupéfiant. Et cela en dépit d'une communication tapageuse et contradictoire. Tout entrepreneur français connaît l'adage de notre pays qui veut « que l'on ne prête qu'aux riches. » Derrière cette devise lapidaire et caricaturale se cache une réalité : le risque ne fait pas partie de la culture bancaire française et encore moins de la culture des assurances.
Non seulement le risque doit être absent des relations avec les banques et les assurances, mais en cas d'échec, à ce jour, c'est toujours l'entrepreneur ou le décideur qui assume la totalité des conséquences de l'échec. Ainsi, on cherche le bouc émissaire pour dédouaner les incapacités et les erreurs d'appréciation et de gestion des institutions privées (ou publiques).
En 2025, la vitesse de renouvellement technique, l'éclatement des foyers d'innovation et la globalisation des efforts d'entreprise seront les facteurs clés du développement des marchés et des sociétés. Pour faire face à cette accélération planétaire dont les enjeux sont considérables, il faudra faire face à des risques multiples et à la mesure des enjeux. Pour réussir dans un tel contexte, il faudra plus qu'une culture du risque. Les principaux agents de mutualisation des richesses et du développement économique doivent dès à présent adapter leurs outils d'appréciation, de gestion et d'aide à la décision à une réalité économique en constante mutation. Et surtout, tous ces outils doivent retrouver une plus grande part de maîtrise humaine, seul principe actif capable de mesurer le risque au delà des logiques primitives et indigentes des machines.

lundi 3 novembre 2008

Vivre en 2025 : transformations à vue

Ce sont les progrès technologiques en matière de chirurgie plastique et de modifications esthétiques corporelles qui ont radicalement changé la face de la France en même temps que celle du monde.

Changer est le maître mot de 2025. Les technologies cosmétiques n'ont pas vraiment bénéficié d'une avancée majeure tant leur degré de sophistication était déjà élevé dès l'entrée dans le 21e siècle. En revanche les technologies d'altération physique ont propulsé la chirurgie plastique et les techniques de reconstruction et de modifications esthétiques à la première place des technologies les plus utilisées par les citoyens tant français qu'européens.
L'introduction progressive d'agents biologiques à la fois évolués et intelligents dans l'arsenal des cliniques privées ont permis d'authentiques prodiges. Il ne s'agit plus seulement de reconstructions capillaires, de modifications mineures, d'implants ou même de rectifications esthétiques. Le génie génétique a permis de produire des agents actifs entièrement générés en laboratoires capables d'altérer en des temps courts la pigmentation de la peau et des cheveux, la densité pileuse, la souplesse des tissus externes aussi bien que les fibres musculaires et les cartilages.
Alors que la médecine et la chirurgie sont intervenues sur des maladies longtemps considérées comme inévitables ou incurables, les techniques dites de confort ou d'esthétique ont multiplié leur activité de manière géométrique. La sculpture de soi, longtemps pensée comme un mouvement dandy et très intellectuel, est devenue une réalité démocratisée proposant à tout le monde les soins rêvés. Finies les rides d'expression précoces, les accidents d'exposition solaire, les tâches, les défauts de pigmentations.
Poussant la technologie esthétique dans ses frontières, certaines cliniques du Sud de la France proposent des transformations radicales et spectaculaires comme le changement de couleur de peau, de chevelure, de couleur des yeux. Donnant libre court à la créativité la plus débridée, certaines stars des milieux alternatifs collectionnent les implants les plus fous allant de la queue fourchue de diablotin, de cornes variées, de dentitions menaçantes ou encore de transformations qui font sortir l'individu des catégories normatives habituelles en matière de sexe, de taille, de type, de corpulence...
Les plus grands consommateurs de ces permutations apparentes sont les grandes organisations de fandom qui voient dans la transformation physique de leurs corps une adéquation encore plus forte avec leurs personnages cultes. Les artistes et personnalités publiques sont évidemment les autres grands intéressés par la palette presque infinie de possibilités de se distinguer davantage. Mais au delà des usages du spectacle et des communautés, les technologies de chirurgie immédiate, de rectifications esthétiques instantanées et de transformations rapides momentanées ou permanentes ont permis à une très large part de la population d'apporter des changements individuels, souvent discrets ou cachés, qui conduisent à une standardisation des types sociaux, des genres et des âges.

samedi 1 novembre 2008

Vivre en 2025 : zéro criminalité

Multiplication des systèmes de surveillance, renforcement de la sécurité personnelle et sociale, traçabilité des personnes, des biens et des capitaux, la société française de 2025, comme l'européenne, est une communauté sous monitoring.

En 2025, les réseaux de surveillance publics et privés se sont multipliés au rythme du déploiement des dispositifs européens de sécurité communautaire. La carte d'identité numérique, l'intégration des transactions dans les appareils de communication et le passage définitif à l'eEuro ont contribuer à l'éradication complète de la criminalité conventionnelle. La traçabilité des marchandises, l'implémentation de la technologie RFID et des systèmes de localisation des personnes et des biens (PinPoint™) par faisceau satellite ont augmenté la sécurité des transactions, le contrôle des industries et des produit dits « sensibles ».
Les réformes successives de la sphère financière mondiale ont permis de réduire l'ensemble des risques liés au blanchiment, à l'investissement douteux et aux malversations
Aujourd'hui seuls les groupes et organisations terroristes ont les moyens et les ressources électroniques et informatiques pour s'infiltrer dans les dispositifs de protection et de sûreté. Leurs cibles sont clairement identifiées comme l'armement, les produits chimiques, les composants électroniques de pointe et les équipements de télécommunication. Dans une moindre mesure, le détournement de comptes bancaires ou de cellules personnelles de paiement (généralement intégrées dans son eCom) restent l'une des infraction les plus courante après les activités terroristes.
La délinquance urbaine est encore une problématique mineure dans les secteurs métropolitains incontrôlées, les SMI, autrefois bidons-villes devenus des quartiers d'habitation reconnus par les institutions locales mais très difficiles à surveiller de par le manque d'infrastructures de base. Les forces de police régionales disposent généralement de moyens étendus de surveillance par satellite et d'intervention rapide aéroportée lorsque la situation l'exige. Dans les grands centres urbains fortement concentrés, la délinquance est circonscrite à des comportements déviants (essentiellement dus à l'absorption illégale de stupéfiants) et à des actes de vandalisme anecdotiques. Elle est inexistante ou presque dans les secteurs péri-urbains aménagés.
Le dépistage systématique des troubles obsessionnels à caractère sexuels et/ou violents dès l'entrée en cours préparatoire a permis, au niveau européen, de réduire considérablement la criminalité ordinaire aussi bien que les incidents sexuels ou violents. Le suivi professionnel des comportements à risques dans le monde du travail par les organismes de contrôle des conditions de sécurité et de santé public dans l'industrie et le secteur des services ont également permis de détecter et de circonscrire les épisodes violents et les débordements de tous ordres.
En 2025, nous vivons résolument dans une ère de sécurité totale en ce qui concerne la criminalité. Ce qui n'exclue pas la menace constante et importante du terrorisme. A la fois idéologique et antisocial, le terrorisme régional et international s'exerce à deux niveaux : la déstabilisation sociale et la destruction des biens et des capitaux. L'U.E. dispose d'une force militaire internationale capable d'intervenir aussi bien en milieu urbain fortement peuplé que de se projeter par voie aéroportée en tout point du globe dans les 24 heures. L'Europol dispose pour sa part de moyens accrus d'investigation électronique, de recueil d'informations sensibles, de renseignement et d'intervention à distance qui lui permettent de prévenir la plupart des conspirations d'envergure visant à rompre avec le cycle de paix entamé par les programmes européens de ces dix dernières années.