samedi 23 mai 2009

Les trois raisons de la disparition du livre et de la presse

On aura beaucoup lu sur la crise de la presse et sur celle du livre. On les aura attribuées à toutes sortes de facteurs : désaffection, désamour, recul de la lecture, partialité des contenus ou des choix éditoriaux. Cette crise double touche toutes les composantes de l'information sur papier. Mais curieusement, il n'aura jamais été question des trois raisons majeurs qui viendront à bout de l'industrie du livre et des papiers de presse. Car le problème est moins l'information que le support.
J'entend déjà les uns dire c'est la faute de l'Internet, ce média diabolique et incontrôlable qui dévore l'ancien monde pour lui substituer une bouillie informe et dépourvue de valeurs et de sens... D'autres, peut-être plus subtils, diront c'est le lobby corporatiste des imprimeurs et des fabricants de papier. Puissance majeure depuis que l'information est véhiculée par écrit, la corporation composite des imprimeurs et papetiers (et de tous les corps de métier qui leur sont associés) n'a cessé d'augmenter son influence et d'être le levier politique et économique sur la scène publique. D'autres encore, plus sensibles aux problématiques économiques, diront que ce sont les monopoles de fait des chaînes de distribution et de diffusion qui font et défont les titres, enterrent ou portent aux nues les ouvrages...
Aucun de ces trois fléaux pourtant nocifs ne sera la cause du déclin et de la disparition du livre et du journal tels que nous les avons feuilletés pendant les quatre derniers siècles.
Nous entrons maintenant dans une ère de préservation de l'environnement. Et non par choix délibéré et spontané mais bien parce que nous avons saccagé la planète et elle commence à nous rendre la monnaie de notre pièce sous la forme de catastrophes naturelles ou sanitaires diverses et variées. A cette nouvelle époque correspond une nouvelle donne qui va mettre hors jeu toutes les industries sales, peu respectueuses de l'environnement et contre productives en matière de protection de l'écosystème. Comme nous ne pouvons pas tout faire en même temps, ce sont dans l'ordre croissant les plus faibles qui seront neutralisées les premières au profit des plus puissantes qui seront transformées à la fin.
Au cours de cette transformation, les industries du papier et de l'imprimerie vont très rapidement apparaître comme polluantes, contre-productives et surtout comme agissant au mépris total de la nature et de la communauté. Les trois raisons de leur disparition seront simples. Le papier, l'encre et le vernis sont parmi les agents les plus nocifs et les moins respectueux de l'environnement humain, animal ou végétal. Et je n'entrerais pas ici dans le détail des agents nocifs, des poisons et des composés chimiques qui entrent dans la composition des encres, des vernis, des pelliculages et de l'ensemble des produits détergents et industriels nécessaires à la fabrication du papier, qu'il soit de luxe ou pas. Malgré tous les efforts produits par l'industrie elle-même pour limiter la casse, la production de papier demeure une menace pour la planète.
Ce qui vient s'ajouter à l'empoisonnement et à la pollution liés à cette industrie, c'est l'hypocrisie du recyclage pour masquer une gestion déplorable des matières premières, c'est-à-dire nos forêts, une destruction d'essences originales au profit de la création d'hectares de végétaux à croissance rapide, nocifs pour les sols et ne procédant d'aucune technique biologique propre. Ce gaspillage constant et impossible à stopper tant la demande en papier est forte et toujours plus grande est l'élément le plus rebutant de cette industrie du papier.
Dans un monde où certes la littérature et la presse décroissent, mais où la demande en documentations techniques, spécialisées, juridiques et de chancellerie augmentent de manière vertigineuse à mesure que de nouveaux entrants viennent prendre leur place dans l'arène économique mondiale, le papier est condamné à devenir électronique sous peine de voir son coût dépasser celui d'une autre ressource centrale dans notre société, le pétrole.
Et oui, le papier est condamné à disparaître à cause de sa composition et des techniques d'impression. Les acteurs en place n'y croient pas. Ils espèrent une transformation lente comme celle qu'est en train d'esquisser l'industrie pétrochimique. Mais la réalité est bien différente. Les administrations poussent fortement pour une réduction du papier et des documents physiques. La lecture et l'information se dématérialisent davantage chaque jour, réduisant dramatiquement le nombre de lecteurs potentiels et diminuant la qualité de la faculté de lecture des individus. Des acteurs majeurs comme Quebecor ou Jouve commencent discrètement à faire passer leurs grands comptes du papier au numérique. Alors ouvrez les yeux, le document en papier agonise...
Oui, il restera encore quelques collectionneurs pour faire tirer telle ou telle œuvre et s'adonner à cette activité étrange de la lecture sur le papier à la lumière d'une lampe de chevet. Mais l'industrie du papier compte ces dernières années de survie. Le temps est proche où le public aura la même aversion pour le papier qu'il n'a pour le Paraben, l'Arsenic, les OGM ou le gaz carbonique. Ce sera la fin du papier destiné à la connaissance. Il faudra alors s'attaquer au suivant sur la liste, l'industrie de l'emballage et du carton...

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