mercredi 4 juillet 2018

Les auteurs en crise

Le gouvernement, et plus particulièrement la Sinistre de la Culture, se déchaînent sur les auteurs. Zéro surprise, on le voit venir depuis des années : offre saturée (de merdes), pourcentages en chute libre, paiements de droits à perte de vue sur la banque des yeux, mépris caractérisé du copyright, interventions TV diverses à des heures de grande écoute pour cracher sur l'artiste... Il n'y a que les sourds - aveugles et les déconnectés pour n'avoir rien vu venir...


Cela n'a pourtant rien d'étonnant. La propriété intellectuelle est devenue la clé de voûte du capitalisme techno-scientifique de ce siècle. Par conséquent, elle est l'enjeu majeur de toutes les réformes. Il s'agit de tenir en laisse les créateurs (surtout ceux et celles capables de produire des modèles copiables) et de contrôler la création.
Pour les auteurs qui auraient raté un épisode : l'édition  comme la production audiovisuelle n'ont absolument pas manqué le tournant technologique du début de siècle. Elles ont juste effectué une mutation technologique profonde dans laquelle l'auteur est devenu une donnée variable d'ajustement économique. Pour ceux et celles qui ne comprennent pas ce que j'écris, c'est que vous êtes déjà morts... C'est cruel mais ainsi va la vie.
Pour les autres, le temps béni de l'oisiveté et la posture sensible, c'est terminé. Va falloir changer d'attitude et surtout se mettre au travail. Car pendant que l'auteur se prenait pour une créature farouche tapie au fond des bois, que l'éditeur ou le producteur venaient débusquer avec flair et délicatesse, le reste du monde a mis sur le marché des systèmes et des mécanismes de décision qui se substituent aux désirs et aux envies de l'écrasante majorité du public.
En bref, "you're fuck'd!"
L'augmentation de la CSG, comme la dérobade de l'AGESSA/MDA, et, pour finir, le passage à la caisse de l'URSSAF ne sont au final que des ridules sur la tourmente qui se prépare. D'autant que les auteurs, affiliés ou cotisants, mariés à des sociétés d'auteurs ou francs-tireurs, syndiqués chez les uns ou chez les autres, n'ont rigoureusement aucune idée de ce qu'est un statut, une personne morale, un contrat de travail ou d'édition, une fiscalité, une comptabilité, des droits ou toute autre spécificité technique affairante à leur activité "professionnelle". En résumé, la plupart des auteurs, aujourd'hui en crise, ont laissé des exploitants expérimentés, des fonctionnaires de métier et des pros de l'extorsion légale les tondre pendant des décennies entières.
Seuls les plus fortunés, qui n'ont aucune raison de se syndiquer, et qui sont vaguement annexés à une société d'auteurs, ont les moyens de se défendre. Ils peuvent embaucher un avocat bien agressif qui montrera des crocs acérés à tous les piques-assiettes en maraude.
Mais alors que faire, me direz vous, ô multitude désespérée de créateurs en devenir ? Et bien il s'agirait de changer la posture attentiste de la vache à lait conduite à l'abattoir pour une posture de combat et de publication militante digne de la Résistance ou de la lutte armée... La technologie qui nous vole est aussi le support de notre combat. Les réseaux de propagande qui nous spolient sont aussi des tribunes de nos idées, et la valeur de la propriété intellectuelle que nous créons ne se limite pas à notre nom sur la couverture d'un livre ou sur une affiche de film...
Mais ça, ce sera pour un prochain coup de gueule.

P.S.: pleurnichards et plaintifs, passez votre chemin, car ma réponse est par anticipation : vous n'avez que ce que vous méritez !

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