lundi 1 décembre 2008

L'Etat en 2025 : la main invisible

L'échec moral et le désastre social des bulles spéculatives ont remis les états aux commandes de l'économie. Mais le rôle de l'Etat doit être redéfini ainsi que son mode d'intervention.

Comment trancher entre une économie « libérale » ou une économie « planifiée » ? Un compromis est-il possible dans une économie « mixte » ? Doit-on tout prévoir ou bien laisser à une « main invisible » le soin de remettre en ligne ce qui aura déraillé ? Toutes ces questions ont conduit les institutions gouvernementales élues à reconsidérer le rôle de l'Etat dans la vie des citoyens.
Les réformes du principe même de l'Etat n'a pas été une opération spontanée initiée depuis un point d'origine puis propagée dans l'espace économique et institutionnel européen. Cette réforme en profondeur est née d'une réflexion importante et multinationale au sein de plusieurs commissions européennes incluant aussi bien les représentants politiques, que les acteurs industriels, les fédérations syndicales, les associations professionnelles et de nombreuses entités populaires rassemblées autour de projets numériques pilotés tantôt par des spécialistes de l'action politique, que par des techniciens ou tout simplement des citoyens impliqués dans le processus de développement de leurs communautés.
Une telle concentration n'a été rendue possible que par le développement considérable de l'économie numérique dans la plupart des pays européens et surtout par une participation populaire sans précédent aux débats, aux rapports et aux résolutions prises par les différents états et par les institutions européennes. L'architecture à la fois régionale et transnationale de ce projet a permis de tenir compte de certaines particularités et d'adapter le projet de réforme à chaque région sans pour autant dévier des lignes de force caractéristiques de la réforme des appareils institutionnels.
Ces réformes se sont articulés sur des principes connus et repris souvent dans des contextes différents ou nouveaux de leurs intentions d'origine.
Le concept central aura été celui de « la main invisible ». Adam Smith croyait certainement à la création infinie de richesse, mais l'histoire nous a appris que ces dernières reposeraient sur des ressources infinies. L'absence de ressources infinies et l'économie de la rareté auront donc conduit à réviser le concept de la main invisible afin de lui donner un corps réel. Plutôt que d'attendre une intervention quasi-divine ou mystique, cette main invisible serait l'Etat.
Désormais, au coeur de l'économie se trouve un appareil institutionnel léger qui a essentiellement un rôle de surveillance doté de pouvoirs de réglementation et d'arbitrage final. La gestion des différents corps institutionnels clés sont confiée à des organismes privés suivant des règles strictes permettant de combattre à la fois la ploutocratie, les situations de monopoles et les leviers d'influence d'un capitalisme sauvage. Les entreprises impliquées dans l'administration des territoires et des biens publiques sont construites sur le modèle démocratique participatif et pleinement représentatif. La propriété des corps institutionnels reste à 100% la propriété des citoyens, y compris les acteurs financiers ou industriels pris en leur qualité première de simple citoyens. Les équilibres ne se font plus en fonction du poids économique mais bien selon le mode de la participation individuelle.
Dès le départ, le postulat reposait sur une large adhésion populaire et une participation active des citoyens à la constitution et à la gestion de ces nouveaux corps institutionnels. La contrepartie de celle-ci était l'abandon total des taxes pesant sur les individus et l'exonération des taxes sur les entreprises à hauteur de leur investissement dans les services publics. Le bénéfice de ces derniers ayant des retombées universelles sur l'ensemble des citoyens sans différence de fortune ou de statut. Le profit privé a été évidemment plafonné mais plutôt que de taxer l'excédant, la mise en place d'un système d'investissement à long terme dans des fonds structurels a permis un étalement des profits dans le temps au bénéfice des acteurs les plus dynamiques et ce parfois sur plusieurs générations.
Ces fonds structurels se sont bâtis autour du principe d'une monnaie franche basée sur le produit du travail. Perdant de sa valeur au fil du temps, cette monnaie est sortie du circuit de la spéculation monétaire internationale. Les fonds structurels sont devenus la réserve la plus stable pour financer tous les projets d'envergure nationales et internationales et ont permis à nombre de fortunes personnelles de trouver un terrain d'opérations philanthropiques à leurs mesures. D'autant que l'échelle européenne de cette réforme a eu un effet d'entraînement déterminant sur la transformation des économies américaine et asiatique. Enfin afin de limiter l'évasion fiscal, les outils de surveillance de l'Etat, désormais invisible, ainsi que sa capacité de réglementation ont instituer la conversion instantanée de tous les flux financiers transitant par des paradis fiscaux reconnus en réserve de fond structurel européen.
L'ensemble de ces mécanismes se sont doublés de mécanismes de responsabilité et de mandature tournants et non cumulables pour la fonction publique, sans différence de poste, de statut ou de niveau de décision. A la manière des tirages au sort de justice pour les tribunaux d'assises, tout citoyen peut être désigné pour une mandature à des échelons correspondants à ces compétences professionnelles. Car s'il est clair que la politique est une nécessité, elle est aussi l'affaire de tous et non celle de professionnels de la politique.
Ainsi l'Etat n'a pas disparu mais a opéré une authentique fusion avec la population qu'il était censé représenter. Ses moyens et ses objectifs restent les mêmes : santé, salubrité, sécurité. Mais la nature de son action devient celle du pragmatisme économique, de la prévention des risques et surtout de la régulation des dérives et des excès d'un libéralisme qui oublierais l'élément central de sa raison d'être : le bien commun.

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