jeudi 27 novembre 2008

2025 : prévenir les risques pour la santé publique

Prévoir les risques de santé se révèle une tâche impossible. Le nombre de facteurs et d'interactions en jeu étant indénombrable et incalculable, les rêves de pronostic de santé dès la naissance de l'individu restent un désir aux limites de l'eugénisme qui n'a aucune chance de se réaliser.

Comment être si affirmatif sur l'impossibilité de prévoir les risques de santé ? L'histoire des sciences, et plus particulièrement celles de la biologie et de la génétique, nous montrent des projets aussi complexes qu'aboutis de cartographie du vivant et du génome humain. Pourtant il n'est toujours pas possible de prévoir les risques de santé du fait de l'interaction constante de l'individu avec non seulement les autres individus mais aussi du fait de son existence dans un milieu d'une complexité encore à épuiser. D'autre part, des études se multiplient afin de montrer que l'interaction des agents chimiques de fabrication humaine ont des incidences innombrables sur le développement et l'existence des êtres vivants, même dans des fractions que l'on croyait jusque ici trop faibles pour avoir un impact avéré.
Il apparaît donc que ce n'est pas tant l'allongement de la durée de la vie des individus qui pose problème pour le financement et la gestion des systèmes de santé publique mais bien la prévention des risques provenant de nos propres actions et influences sur le milieu, les populations et l'individu. Vieillir ne sera pas un problème si nous travaillons à l'éradication des affections comportant des risques majeurs pour la santé. Mais nous ne pouvons occulter la nécessité de l'élaboration d'une véritable politique de prévention et de contrôle des substances et des produits introduits aussi bien dans l'univers médical, que dans l'environnement, le monde animal ou végétal.
Sans invoquer des menaces encore indéterminées provenant des innombrables produits chimiques dont nous inondons nos champs, nos rivières, nos villes et notre atmosphère, il suffit de mesurer les dégâts qu'ont pu avoir des fléaux comme l'amiante, la peinture au plomb ou la contamination du sang sur notre environnement et sur les populations exposées. Ces risques ont été entièrement fabriqués par notre société, nos actions et les méfaits tant humains qu'économiques sur la santé publique se poursuivront au moins sur les trois ou quatre prochaines générations.
Alors plutôt que de se concentrer sur les pathologies hypothétiques et statistiques, il nous faudra nous préoccuper des risques potentiels que font peser des intérêts privés sur la santé publique et démontrer autant de solidarité et de rigueur que nous en démontrons pour la mutualisation du coût des soins. Car il est impossible de parler d'une nouvelle façon de vieillir, ou d'un nouvel âge de la retraite, si ceux et celles qui entrent dans ces périodes doivent faire face à de nouvelles menaces provenant aussi bien de leur alimentation que de leur habitat, ou tout simplement des produits d'usage courant que nous trouvons dans leurs salles de bain, WC, cuisines, salons, garages, jardins, etc.
Effectivement, il ne faut pas tomber dans la « fascination technologique » d'une logique mécanique et statisticienne dans l'examen et la considération médicale de l'individu. Dans ce domaine, l'anonymat et la mutualisation restent le meilleur bouclier en matière de solidarité et de soins. Mais un « voile d'ignorance » ne peut être maintenu sur les médicaments ou les équipements hospitaliers, pas plus que l'on ne peut ignorer l'impact déterminant qu'ont désormais l'industrie, la chimie et la technologie sur notre vie et celle de notre planète.
La prévention est la meilleure des stratégies de santé publique. Elle est aussi la stratégie clé de la salubrité, corollaire assez négligé d'un système de santé publique qui se doit de devenir efficace et peu coûteux. A l'instar des dispositifs médicaux, des outils de surveillance et de dépistage beaucoup plus performants devront être développés pour garantir les conditions d'innocuité véritable des produits auxquels nous exposons quotidiennement le citoyen. C'est la première étape pour protéger la population en 2025 et la condition incontournable pour anticiper la santé de demain et participer à une juste évaluation des politiques publiques en la matière.

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